Quotidien
Présenté par Yann Barthès
Alors que la guerre en Ukraine perdure depuis plus de 1000 jours de guerre en Ukraine, Joe Biden, le président des Etats-Unis vient d’autoriser l’armée ukrainienne à utiliser des missiles longue-portée. En riposte, Vladimir Poutine, quant à lui, menace de se servir de l’arme nucléaire. Jérôme Garro, correspondant de TF1 en Russie, et Clara Marchaud, correspondante en Ukraine font le point sur la situation sur place.
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C ce soir
Présenté par Karim Rissouli
Guerre en Ukraine : le dernier hiver ?
C’était il y a 1000 jours, 1000 et un jour précisément, une pluie de bombes, le son des sirènes, l’avancée des colonnes de chars russes sur le sol ukrainien… 1000 et un jour de guerre, plusieurs centaines de milliers de morts de part et d’autre et le sentiment, en ce mois de novembre 2024, que le cours de la guerre est en train de changer, que nous sommes désormais plus proches de la fin que du début de ce conflit…
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La guerre en Ukraine au quotidien
Propos receuillis par Michel Paquot
La journaliste française Clara Marchaud, qui vit dans la banlieue de Kyiv depuis 2021, était en première ligne lors de l’invasion des chars russes en Ukraine, il y a deux ans et demi. Dans Un si long mois de février, elle témoigne des effets de cette guerre dans la vie quotidienne de la population, racontant en quoi elle a modifié ses habitudes et sa façon de considérer tant le présent que le futur.
« Les tanks russes pénètrent dans Obolon ! » Quand, le 24 février, alors qu’elle erre dans Kyiv déserte, elle reçoit cette notification, Clara Marchaud est traversée par « un sentiment d’effroi » : Obolon, un quartier constitué de barres d’immeubles construites dans les années 70 en lisière de la capitale ukrai- nienne, c’est là où elle habite. « Une partie de moi s’éteint à ce moment-là », se souvient-elle. Elle pourra néanmoins y retourner, mais, pour elle, comme pour tous ses compa- triotes de cœur, il y aura un avant et un après ce jour funeste. Elle le raconte dans Un si long mois de février, précieux té- moignage de ce que signifie, au quotidien, de vivre dans un pays en guerre. « C’est une expérience extrêmement intense qui change votre vision du monde, vos valeurs. La guerre fait partie de ma vie. »
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« Quand tu peux »
Avec la guerre, tout a changé et peut devenir un problème. Par exemple, prendre de l’argent au distributeur. Les pre- miers jours, chaque retrait est limité à dix euros. Clara Mar- chaud met du temps pour en retirer deux cents et se souvient avoir eu honte : et si elle privait des personnes qui ont besoin d’argent ? « La guerre bouleverse ses priorités », constate-t- elle, répétant cette règle confiée par une collègue, et dont elle va faire l’expérience : « Tu manges quand tu peux, tu dors quand tu peux, tu pisses quand tu peux, tu te laves quand tu peux. » La journaliste mentionne l’existence d’une “garde- robe de guerre” : à la fois des habits confortables pour faire face à toutes les situations, mais également des vêtements patriotiques, comme des chemises brodées traditionnelles ou des tee-shirts floqués de l’emblème ukrainien, qui font vivre l’industrie du textile nationale. L’alimentaire est aussi un moyen de participer à l’effort de guerre. Un pizzaïolo se dé- place notamment avec son four à bois à roulettes le long de la ligne de front. Et, grâce aux millions de dollars recueillis par le mouvement #ChefsForUkraine, des chefs locaux ont pu fabriquer des plateaux-repas gratuits pour la population et les militaires. Elle relate également que la guerre n’a pas empêché les mariages, bien au contraire. Les premiers mois ont vu leur progression de 21% par rapport à l’année précé- dente, les futurs époux passant du bureau de recrutement de l’armée à celui de l’État civil.
Une sorte de fatalisme s’est aussi installé. « Au début de la guerre, tu réfléchis plus ou moins à ce qu’il faut faire, tu ne penses que ça, c’est peut-être mieux, ou que ça, c’est pire, tu prends des décisions, tu fais des choix. Mais après, tu t’en fous. » Tout devient « indifférent », puisqu’on ne sait jamais ce qui va advenir, si on sera toujours vivant le soir. La jeune femme garde néanmoins deux grandes règles en tête : « S’il y a une sirène, il y a danger. Si quelque chose tombe, il faut se cacher. » Pas plus le futur que le passé existent encore, seul compte l’ici et maintenant. Les gens s’habituent aussi aux bombardements, elle se souvient par exemple en avoir vu depuis sa fenêtre l’hiver dernier.
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Par Stéphane Place
Chaque jour pendant l'été, Stéphane Place vous propose une pause littérature, en partenariat avec la Librairie Mollat de Bordeaux.
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Les dix livres de ce mois de mai à pas manquer
Par Charles Haquet
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Un an plus tard, Clara se réveille sous les bombes à Kharkiv, dans l’est du pays. Vladimir Poutine vient de lancer son opération spéciale. Des premières semaines de l’agression russe, la jeune reporter a tiré un récit, tendu et très personnel, Elle y décrit la sidération d’une population qui, d’un jour à l’autre, se retrouve sur les routes et dans les trains bondés pour fuir les bombardements.
Au fil de chapitres nerveux, Clara Marchaud - correspondante de L’Express en Ukraine - raconte comment elle est devenue reporter de guerre malgré elle (« Je ne prends quasiment pas de photos de moi en travaillant, et surtout pas en gilet pare-balles. Il semble que certains vivent pour cette photo, qu’ils s’empressent de poster sur les réseaux sociaux », écrit-elle). Au-delà de sa mue personnelle, Clara Marchaud dépeint avec précision, et sans tabous, le traumatisme de millions d’hommes et de femmes victimes, depuis plus de dix ans, de la folie impérialiste d’un despote. "En décidant d’envahir l’Ukraine, Poutine a lié l’histoire entière d’une nation, d’un territoire, à la guerre. Et ce pour des générations. Ce n’est pas seulement une tentative d’effacer le passé ou de maîtriser, au présent, la vie de millions de personnes, c’est le rapt de l’avenir et des rêves."
Au travers de ses rencontres, de ses amitiés, l’auteure brosse un portrait poignant d’un peuple auquel un homme, claquemuré dans son Kremlin, refuse tout droit d’exister et de choisir son destin. Quand on referme ce livre, une question affleure : combien d’années, de décennies, faudra-t-il aux Ukrainiens pour panser leurs plaies et vivre enfin ?
Par Carine Caussieu
Clara Marchaud, Casteljalousaine de 26 ans qui vit entre l’Ukraine et la France, vient de publier son premier ouvrage, « Un si long mois de février ».
Des récits intimes poignants
Le conflit ne devait durer que quelques semaines. Mais plus de deux ans après l’invasion russe de l’hiver 2022, la guerre est devenue le quotidien de millions de citoyens ukrainiens. À travers des thèmes universels (amour, hygiène, culpabilité…), la journaliste Clara Marchaud, originaire de Lot-et-Garonne, a choisi de retranscrire le point de vue, tour à tour romantique ou pragmatique, des moins de 30 ans. Comme elle.
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Ukraine : ce que la guerre fait aux corps et aux esprits
Par Ambre Philouze-Rousseau
Dans Un si long mois de février, la journaliste Clara Marchaud, qui vit
à Kiev, témoigne des bouleversements quotidiens et intimes des Ukrainiens.
La guerre en Ukraine, ce n’est pas que les ruines, les tranchées et les bombes. Dix ans après l’annexion de la Crimée et deux ans après le début de l’invasion russe, elle s’immisce dans les corps et les esprits, bien au-delà de la ligne du front. La guerre bouleverse le quotidien et l’intimité : le sommeil, le rapport au temps, aux autres, au corps, à l’espace.
« En décidant d’envahir l’Ukraine, Poutine a lié l’histoire entière d’un peuple, d’une Nation, d’un territoire à la guerre [...] Ce n’est pas seulement une tentative d’effacer le passé, ou de maîtriser, au présent, la vie de millions de personnes, c’est le rapt de l’avenir et des rêves », écrit la journaliste Clara Marchaud dans son livre Un si long mois de février. Correspondante pour Le Figaro, L’Express et Mediapart, elle travaille sur l’Ukraine depuis 2016 et s’y est installée en février 2021 en tant que journaliste indépendante. D’où une position différente de celle des reporters de guerre envoyés sur place aux premières heures de l’invasion. « Je couvre l’Ukraine d’abord et la guerre ensuite », résume-t-elle depuis son apparte- ment de Kiev.
Une collègue, habituée des zones de guerre, l’a prévenue : « La première règle de la guerre : tu manges quand tu peux, tu dors quand tu peux, tu pisses, quand tu peux, tu te laves quand tu peux. » Clara Marchaud l’a très vite réalisé : « La guerre bouleverse les priorités. » Se brosser les dents ? Un geste banal vite rétrogradé tout en bas de la hiérarchie. Apprendre à vivre avec la guerre,
c’est apprendre à vivre sans. Sans sommeil : sur le mois de mai 2023, les habitants de la capitale ukrainienne ont perdu 40 % de leur temps de repos. Sans électricité : l’hiver précédent, chaque foyer ukrainien a passé en moyenne trente-cinq jours dans le noir. Sans nourriture : en pleine saison hivernale, dans les frigos éteints, la nourriture pourrit ; stockée à l’extérieur, elle gèle.
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Face à cette absence de contrôle sur sa propre vie, de plus en plus de personnes adoptent des animaux, relève la reporter. Son beau-frère a pris un chien avec sa copine, quand un ami a récupéré un écureuil, sauvé d’un zoo qui ne pouvait plus s’en occuper. « Tout d’un coup, vous prenez une décision qui n’a rien à voir avec l’effort de guerre et qui permet de se projeter à un horizon d’une dizaine d’années, ce qui est impossible le reste du temps. » Clara Marchaud, elle, se reconnecte à son humanité à travers la musique : « Quand j’ai pu revoir un concert, je me suis enfin sentie de nouveau un peu moi-même. »
Des mots et des livres. Ukraine, la guerre au quotidien
Par Stéphane Bugat
Un si long mois de février. Ce récit de Clara Marchaud nous plonge au cœur d’une Ukraine soudain frappée par la guerre. Une Ukraine qu’elle connaît pour avoir fait le choix d’y vivre, bien avant que la folle agression russe.
Parmi la déferlante des livres traitant, de bien des manières, de la guerre en Ukraine, Un si long mois de février, de Clara Marchaud, se distingue déjà par son ton de vérité. Jeune journaliste, elle avait, en effet, choisi de vivre en Ukraine et d’y exercer son métier de correspondante de plusieurs journaux français, bien avant que Poutine ne lance son offensive guerrière. Cette guerre d’agression qui n’ose même pas dire son nom, comme s’il lui était nécessaire de se dissimuler derrière le concept fumeux « d’opération militaire spéciale ». C’est dire que cette guerre, Clara Marchaud ne l’a pas vécue comme la plupart des autres envoyés spéciaux, présents quelques jours avant de partir ailleurs, mais avec les Ukrainiens et même comme eux. Et plus précisément, avec les jeunes gens de sa génération, ceux qui ont voulu croire ou à qui on a fait croire, ainsi qu’elle l’indique, « qu’ils appartenaient à l’Union Européenne ». Jusqu’à ce qu’ils constatent que « la seule chose qui rappelle que l’Ukraine n’est pas dans l’Union, c’est qu’un autre pays peut l’attaquer du jour au lendemain ». Ce qui fait une grande différence !
L'odeur de la peur
Ce qu’elle raconte n’a donc rien à voir avec les reportages sur le front, plus ou moins téléguidés par les états-majors, puisqu’il est difficile de faire autrement. Il s’agit plutôt d’un récit, au côté de ceux dont la vie a soudain été bouleversée, par la présence des chars et des commandos abattant tout sur leur passage, puis sous les bombes, visant sans le moindre discernement cibles militaires et civiles.
Son livre, qui se concentre sur les premières semaines du conflit, Clara Marchaud l’organise en chapitres portant sur les aspects les plus évidents de la vie quotidienne : rêver, se réveiller, marcher dans la rue, prendre une douche, manger, passer un coup de fil, etc. Autant d’aspects concrets et, a priori, d’une totale banalité, mais dont on comprend vite à quel point ils peuvent devenir aléatoires, parfois même impossibles, lorsque la vie est fracassée par d’aussi tragiques circonstances. Même si l’on est loin des enjeux stratégiques et géopolitiques, comment ignorer, par exemple, des aspects aussi prégnants que les odeurs. Celle que l’on respire notamment dans les caves où l’on s’entasse entre deux alertes, où dans les transports pour ceux qui cherchent à fuir. « La peur se sent », constate ainsi Clara Marchaud. « L’odeur des sueurs froides est très différente de celle des salles de sport. C’est une émanation de la guerre. Avec la poudre, la fumée, la boue, la mort, la nourriture, les lingeries ».
L’auteur alterne ainsi l'évocation de sa propre expérience, avec des témoignages, d’autant plus sincères qu’ils sont exprimés par des proches, donc en confiance.
Un sentiment très vif de culpabilité
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À sa manière, Clara Marchaud nous fait comprendre ce qu’on ne devrait jamais oublier : que la guerre, en dépit des discours officiels, n’a rien de noble et que personne n’en sort jamais tout à fait vainqueur. C’est une leçon que les Ukrainiens ont déjà assimilée, même s’ils résistent, chacun à sa manière et à son niveau, avec courage et abnégation, même si on leur souhaite de repousser définitivement leurs agresseurs.
Le Journal International
Par Sophie Roussi
L'Ukraine, face à la guerreLe choix des journalistes du groupe Centre France
Par Simon Anthony
La journaliste, correspondante en Ukraine, parle de la guerre. Et du quotidien. Quels vêtements porter ? Que mettre dans son baluchon quand on fuit ? Où se réfugier ? Comme cuire des pâtes sans électricité ? Clara Marchaud vit la guerre comme une journaliste, mais aussi comme une Ukrainienne. Comme ses amis, à qui elle laisse la parole dans son récit. Entre petites et grande histoi- re. Parce que l’humain s’habi- tue à tout. Et que la survie peut devenir une vie. Parce que l’horreur n’empêche pas d’acheter du pain. Indispensable.
L'Ukraine, face à la guerre
Par Tetyana ogarkova et Volodymyr Yermolenko
Les livres politiques de mars 2024 - Focus Ukraine
Par Zoé Foures
La journaliste Clara Marchaud vivait à Kyiv lorsque l’invasion russe a débuté. Devenue correspondante de guerre, elle a documenté pendant de longs mois le conflit de l’intérieur. Dans ce livre, elle prend la plume pour aborder un autre aspect de la guerre, moins présent dans les médias, celui de la vie quotidienne. En s'appuyant sur des témoignages intimes et poignants, elle dresse le portrait de la jeune génération, celle des moins de 30 ans, dont le quotidien a basculé il y a tout juste deux ans.
Avant l’attaque russe, la vie à Kyiv était bien différente. Mais le 24 février 2022 marque un tournant brutal, où l'urgence devient palpable alors que les bombes résonnent, forçant les habitants à se réfugier dans les caves ou à fuir vers le métro, seuls ou accompagnés de leurs proches, emportant avec eux seulement l'essentiel.
Clara Marchaud explore avec sensibilité les dilemmes qui surgissent en temps de conflit : les choix d'engagement, la perspective d'un avenir incertain, la décision difficile de rester ou de partir à l'étranger. Elle y décrit d’une part la colère et la haine qui se mêlent aux relations interpersonnelles, mais aussi l'amour qui persiste malgré les circonstances, offrant des moments de répit et de bonheur. Dans cette histoire intime de la guerre en Ukraine, la politique se mêle à chaque aspect de la vie, illustrant la lutte quotidienne pour trouver un semblant de normalité au milieu du conflit.
Malgré le chaos
Par Philippe de Boecke
Deux ans après le début de l’invasion et dix ans après le début de la guerre, le thème est manifestement à la mode : comment les Ukrainiens ont subi le choc de l’invasion et comment se sont-ils adaptés à vivre dans un pays en guerre ? C’est ce que la journaliste française Clara Marchaud, correspondante à Kiev pour différents médias, raconte dans son livre basé sur les choses simples de la vie et sur son vécu avec ses proches à Kiev. Elle y décrit une population confrontée à des questions existentielles nouvelles et malgré tout universelles : vivre dans le chaos mais vivre tout de même. Le récit de Clara Marchaud plonge le lecteur dans le vif du sujet dès les premières heures de l’attaque.
5 témoignages pour mieux comprendre notre époque
Par Valérie Rodrigue
Clara Marchaud est envoyée spéciale en Ukraine. Du jour de l’invasion russe, son quotidien, celui de ses amis et confrères, bascule dans l’horreur. C’est la course dans les caves ou le métro au soir du 24 février 2022, avec le sentiment qu’on peut mourir demain. Qu’emporte-t-on dans la fuite ? Que laisse-t-on derrière soi ? Comment l’estime de soi et le narcissisme restent-ils intacts ? Comment satisfait-on ses besoins primaines, dormir, manger, se doucher, quand on est dans une ville assiégée ? Quant à la féminité, curieusement, elle est parfois le dernier rempart. On se fait les ongles à la lueur d’une bougie, pour ne pas tomber dans la dépression. Certains pensent à quitter le pays, d’autres ont encore l’espoir qu’un avenir est possible chez soi. Cela dépend de l’histoire de chacun et de sa capacité à résister au stress. C’est un document sur le quotiden pendant la guerre en Ukraine. Les faits, rien que les faits. Pas d’émotion, qui est le propre de la littérature et non celui de la presse.
Par Julie Gacon
Ukaine : Une vie en apnée
Le 24 février prochain marquera les deux ans de l'invsation russe en Ukraine. Si dans certaines régions du pays la vie semble avoir repris son cours, la crainte de nouvelles frappes aériennes sur des civils subsiste. Comment, dans ces conditions, les Ukrainiens continuent-ils de vivre ?
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