Mark Greene

Réel Madrid
 

176 pages, 16 euros

15 septembre 2023

ISBN 978-2-37067-077-9

 

 

 

REVUE DE PRESSE

Corse-Matin, janvier 2024

Comment rendre vie au passé

Par Robert Colonna d'Istria

 

Roman. Mark Greene se rappelle Madrid d'il y a cinquante ans. Monde pas si lointain et déjà rejeté dans un ailleurs qu'on peine à retrouver. Ce joli petit livre aide à ne pas tout oublier.

 

« Je suis né à Madrid dans les années soixante. Franco était encore au pouvoir et, de temps en temps, son cortège passait devant mes ma fenêtre. Parfois, ma mère et moi nous descendions pour voir de plus près. » Ces quelques mots donnent la tonalité de ce charmant ouvrage, Réel Madrid, livre de souvenirs qui rend vie à un monde disparu, celui de l'Espagne des années soixante
et soixante-dix. [...] Un joli petit texte agréablement écrit, pour ne pas oublier : derrière les réalités de ce Madrid revécu, chacun, madrilène ou pas, retrouvera sa propre existence.

L'Est Éclair, 31 décembre 2023

Réel Madrid

Par Jean-Philippe Blondel

 

Né en 1963 d’un père photographe américain et d’une française installée à Madrid, l’auteur évoque dans ce récit ses souvenirs d’enfance et d’adolescence, et balaie les deux décennies qui ont amené l’Espagne à se réinventer de fond en comble, passant du franquisme à la Movida, de décennies poussiéreuses au clinquant des années 1980.

[...] Comme l’auteur habitait avec ses parents un quartier réservé aux étrangers et aux artistes (car on a tendance à oublier que de nombreuses stars américaines, par exemple, possédaient des demeures en Espagne et s’accommodaient fort bien de la dictature), qu’on surnommait Costa Fleming, on découvre avec étonnement que la rigidité politique pouvait se conjuguer avec une dolce vita assumée.

Peuplé de fantômes, comme l’écrivain Umbral, ou le liftier de la Casa del Libro, de clichés sépia de défilés de chars et d’avenues désertes, le texte de Mark Greene dégage un charme certain et sait faire revivre des périodes qui nous semblent maintenant bien lointaines. Le style est sobre et sensible, et l’on suit cette recherche du temps perdu avec beaucoup d’attachement et de bonheur. Hautement recommandable.

Podcast Le Figaro, décembre 2023

Le moment des livres

Par Marie-Rose Guarniéri

 

Coup de coeur pour Réel Madrid, à partir de 7 minutes. "Il y a une grâce dans ce livre, du rire, la lumière de l'Espagne, la nostalgie."

 
Pour écouter le podcast, c'est ici.

RCF Hauts-de-France, 23 novembre 2023

La Baraque à Livres

Par Bernard Leconte et Dominique Guiou

 

Mark Greene évoque son enfance et sa jeunesse à Madrid. Un regard très personnel sur les dernières années du franquisme et le début de la démocratisation.
Pour réécouter l'émission, c'est ici.

La Libre Belgique, 15 novembre 2023

C'était il y a 50 ans à Madrid

Par Marie-Anne Georges

 

De Franco à la Movida, l’écrivain franco-américain Mark Greene épingle quelques souvenirs d’enfance. Savoureux.

 

Toutes les enfances ne se ressemblent pas, même si elles peuvent avoir une saveur commune. Celle de Mark Greene, né à Madrid en 1963, a commencé sous Franco pour se terminer  avec la Movida. Un fameux grand écart ! Que l’écrivain franco-américain raconte dans Réel Madrid d’une plume limpide, douce et précise.

Tout commence alors qu’il a 8-9 ans. Des chars entament leur descente de l’Avenida Generalísimo, qui sera rebaptisée, le moment venu, Paseo de la Castellana. [...]

 

Le titre, Réel Madrid, est un jeu de mots avec le Real Madrid, club de foot dont le stade Santiago Bernabéu se situe à une encablure d’où Mark Greene a grandi. Ce dernier ne se privera d’ailleurs pas, quelques chapitres plus loin, d’exprimer son exaspération voire son écœurement du mercato, "tout est devenu boursouflure, excès". C’est ce qui fait tout l’intérêt de ce beau récit : l’auteur ne se contente pas de ses souvenirs de jeunesse, il les commente. Découpé en dix-huit chapitres, Réel Madrid compose une radiographie circonstanciée d’une Espagne qui, "après des décennies d’autoritarisme et d’anachronisme, s’apprête à rejoindre le concert des nations occidentales, développées [...]"

AOC, 27 octobre 2023

 

Récit autobiographique tourné vers les autres, Réel Madrid témoigne d’une jeunesse madrilène avec puis sans Franco. Mark Greene y décrit une atmosphère, une façon de vivre, de se tenir, de bouger, de parler, de se saluer qui n’avaient cours qu’en Espagne entre les années 1960 et les années 1980.
 
La belle couverture de Réel Madrid, récit de l’écrivain français Mark Greene, est un montage de plusieurs composants. On y voit un torero qui a la tête baissée et qui ressemble presque à une figurine ; en retrait sur la droite se tient une fillette endimanchée et apeurée. Au-dessus d’eux il y a des jambes, en route vers on ne sait quoi. Ce sont des corps chaussés et habillés selon une mode ancienne, la mode des années 1960 peut-être.
 
Réel Madrid est un superbe livre dont la composition et le mouvement sont les principaux motifs, comme le signalent aussi le jeu de mots du titre et le nom de l’écrivain, qui ne sonne ni espagnol, ni français. Il est question du Real Madrid puisque Mark Green, fils unique d’un père américain et d’une mère française, habitait à Madrid à côté du stade de foot, sur l’Avenida del Generalísimo. Le Generalísimo, c’était Franco, et il est présent dans ces pages.
 
[...]

Télérama, 25 octobre 2023

Feria

Par Stéphane Ehles

 

[...] Ce thème, signalons-le, est également au cœur de Réel Madrid, beau roman dans lequel Mark Greene se souvient de ses années madrilènes qui, entre 1965 et 1985, ont vu la fin du franquisme, la transition démocratique et les débuts de la Movida, en même temps qu’une aseptisation de l’Espagne (éd. Plein jour, 176 p., 16 €). Greene a d’ailleurs l’âge d’être le père d’Ana Iris Simón et pourrait comme compléter sa fresque ibère. Car si le grand roman de la génération Y et de l’ère de la précarité contemporaine reste à écrire, Feria constitue une jolie tranche d’une histoire familiale et intimiste de l’Espagne.

L'Opinion, 25 octobre 2023

La gloire de leur père

Par Bernard Quiriny

 

[...] Mark Greene voyage également dans le passé, à Madrid, en 1960-1970, sous Franco. C’est là qu’il a grandi, fils d’une Française et d’un journaliste américain. L’Espagne d’alors n’a rien à voir avec celle d’aujourd’hui : c’est un pays assez fermé, quoique hospitalier pour les étrangers, anachroniquement autoritaire, mais plein de poches de liberté. Dans une série de textes courts, Greene reconstitue l’époque et mélange souvenirs intimes et événements collectifs – les apparitions de Franco, l’assassinat du ministre Blanco, les vacances espagnoles d’Ava Gardner

et d’Andy Warhol, le pronunciamento raté de 1981, etc. Cette collection de récits donne un petit livre nostalgique, élégant, qui tient à la fois du portrait d’une ville et du tableau historique. En filigrane, c’est aussi l’évocation d’un homme, son père, dandy solaire à l’accent hollywoodien, qui traînait ses raquettes et sa caméra dans ce monde où tout paraissait facile.

L'humanité, 19 octobre 2023

Par Sophie Joubert

 

Dans un récit en forme de puzzle, l’écrivain raconte sa jeunesse en Espagne au temps de la dictature du Caudillo, jusqu’à son départ pour la France.

 

En dépit de ce que peut laisser entrevoir son nom, Mark Greene a grandi en Espagne. Fils unique d’un journaliste américain et d’une Française installée à Madrid, il est né en 1963 sous le régime franquiste. Romancier et auteur de récits sensibles, il a, en 2017, raconté l’histoire vraie de Justo Gallego Martinez, bâtisseur solitaire d’une cathédrale de guingois. Après un détour par Paris et la fiction dans Federica Ber (2018), où une histoire d’amour ancienne resurgissait à la faveur d’un fait divers, il revient en Espagne avec Réel Madrid, collage de fragments autobiographiques. Tout commence par une image, ancrée à jamais dans sa mémoire. Alors qu’il a 9 ans, il voit passer la voiture du dictateur dans l’Avenida del Generalisimo, l’avenue qui porte son nom. L’enfance s’achèvera en 1981, l’année de ses 17 ans, le jour du putsch manqué contre le gouvernement d’Adolfo Suarez. « Elle faisait son grand retour. La nuit ancienne la nuit franquiste, peuplée de crimes et de rires, d’éclats de verre et d’échos lointains », se souvient Mark Greene. [...] Il y a bien sûr le mythique Real Madrid et le stade proche du domicile familial, la découverte des livres et le désir d’écrire, qu’il assouvira de l’autre côté des Pyrénées. Sans jamais oublier l’Espagne et la nuit noire de son enfance.

El País, 16 octobre 2023

Par Marc Bassets

 

El autor evoca en ‘Réel Madrid’ la ciudad donde nació y creció y la paradoja de sus barrios cosmopolitas en medio de la grisura del franquismo.

 

El título del nuevo libro del escritor francés Mark Greene (Madrid, 60 años) es un juego de palabras con el nombre del club de fútbol de la ciudad donde nació y cerca de cuyo estadio creció. Réel Madrid, publicado por la editorial Plein Jour, podría traducirse como Real Madrid, o, mejor, Madrid real. Es una busca del tiempo perdido: el de la infancia del autor, hijo de un estadounidense y una francesa, en un barrio luminoso de la gris capital franquista de los años 60 y 70. En una conversación en castellano en el café Le Select en el parisino y literario boulevard Montparnasse, Greene evoca aquel pasado: sus paradojas y ambigüedades.

 

[...]

Le Figaro magazine, 29 septembre 2023

Une enfance en Espagne

Par Christian Authier

 

Remarquable romancier, Mark Greene est peut-être encore plus éblouissant quand il emprunte le registre du récit. Après Comment construire une cathédrale, en voici la preuve avec Réel Madrid, souvenirs de son enfance et de sa jeunesse dans la capitale espagnole durant les années 1960 et 1970. De père américain et de mère française, il grandit non loin du stade du Real Madrid, au sein d'un quartier prisé par des artistes et des étrangers (d'Ava Gardner à Clint Eastwood). [...]

Si Mark Greene a un regard perçant pour saisir les moments de bascule historique, il est d'abord un écrivain sensible au temps, aux ombres, au passé « rehaussé de couleurs vives ». Le portrait émouvant de ses parents en atteste.
En ressuscitant les charmes, les complexités, les paradoxes du Madrid ainsi
que de l'Espagne de ses jeunes années, c'est un monde à la fois très loin et très
proche qu'il peint, un monde d'avant « l'arrivée des portables et des PC », « le
jeu de rôle d'Instagram et de Facebook », « la marchandisation des ego ». Par son faux détachement, sa finesse, sa douce ironie, Réel Madrid nous rappelle que la littérature est affaire de style.

20 Minutes, 28 septembre 2023

Par Christian Dorsan

 

Pourquoi ce livre ? Parce que l’évocation de l’enfance est toujours un voyage qui mélange les émotions et les joies de la (re) découverte. Emotions pour l’auteur qui nous embarque dans l’Espagne de Franco des années 1960 jusqu’aux années 1980. Un pays fermé, opaque, mais ouvert à la venue des étrangers, une Espagne qui tarde à entrer dans l’après-guerre, prémisse de la Movida et des changements de société.

Le Télégramme, 19 septembre 2023

Par Stéphane Bugat

 

« Réel Madrid ». Avec ce récit touchant, nourri par ses souvenirs, Mark Greene livre une ode à l’Espagne et à sa capitale.

 

Mark Greene se sent espagnol. Né d’un père américain et d’une mère française, vivant le plus clair de son temps à Paris - si l’on a bien compris - où il a longtemps exercé la profession de journaliste, lorsqu’il s’écarte provisoirement de son abondante production romanesque pour évoquer quelques souvenirs, c’est vers Madrid qu’ils le ramènent. Ce qui se comprend aisément. C’est là qu’il a vécu les premières années de son existence, ce qui en a fait, sans qu’il en ait alors forcément conscience, un observateur attentif et lucide du passage d’une dictature, celle de Franco, à une véritable renaissance démocratique. Une renaissance qui, bien évidemment, a concerné les pratiques politiques et, plus tard, le dynamisme économique, alors favorisé par l’intégration à l’Europe, mais aussi et même surtout l’évolution des mœurs.

 

[...] À cet égard, on retient particulièrement celui de son père. Jeune GI venu sauver l’Europe, il ne s’était pas résolu à retourner immédiatement au pays, une fois la Seconde Guerre mondiale terminée. Ce qui lui a donné l’occasion d’exercer l’activité de reporter-cameraman, en Espagne. Où il a rencontré la jeune touriste française qui devint son épouse. Ainsi que bien d’autres personnages qu’il abordait avec une aimable et sans doute irrésistible désinvolture. Une désinvolture pouvant aller jusqu’à l’inconscience lorsqu’il s’agissait d’exercer son métier. À l’instar de ce jour de grève générale, où il a plongé au cœur des manifestations, caméra à l’épaule, accompagné par son gamin, cartable à la main, recruté, pour la circonstance, comme assistant éclairagiste. Ce dont l’intéressé se souvient avec un mélange de crainte et d’exaltation.

 

Bref, c’est justement parce que cet ouvrage est dénué de prétention, jusqu’à son écriture d’une grande justesse mais sans envolée artificielle, que l’on a envie de le recommander. Comme une pépite que l’on réserve à ses amis. D’autant qu’une fois sa lecture achevée, on a une envie, même si telle n’était pas l’intention première de l’auteur : foncer découvrir ou redécouvrir Madrid.

Sud Ouest, 16 septembre 2023

Par Benjamin Ferret

 

Mark Greene se souvient de son enfance à Madrid, où il est né en 1963 et a vécu la transition démocratique espagnole.

 

Mark Greene a vu le jour « dans une autre vie, dans un autre monde ». Madrid, 1963. D’être l’enfant d’une Française et d’un Américain, photoreporter de métier, fait qu’il ne compte pas avec la nationalité espagnole.

Mais, être écrit par « un produit du cosmopolitisme » est sûrement ce qui rend si poignant son récit d’une jeunesse passée dans la capitale espagnole. Dans les pages de « Réel Madrid », Mark Greene se place en effet comme l’écrivain madrilène Francisco Umbral : « Sur le seuil, en bordure, à la fois en dehors et en dedans. » À l’époque, « l’Espagne était ailleurs. Loin, bien plus loin que la géographie ne pouvait le laisser supposer. Elle était complexe. Contradictoire », rappelle Mark Greene.

[...]

 

« Pays de murs »

« Comme une anomalie, une ex- croissance de la géopolitique et de l’histoire », l’Espagne dans la- quelle Mark Greene demeurait toutefois « un pays de murs [...] À croire qu’ils écrivaient, sur le sol aride, une phrase gigantesque. »

Ces limites vont finir par tomber, à partir de la transition démocratique entamée par le roi Juan Carlos. « On se tourne vers le plaisir, les jeux, la frivolité... Hé- donisme et individualisme sont de mise » durant la Movida, expli- que l’auteur. En ce début des années 1980, une idéologie remplace une autre idéologie, faisant ainsi mentir Napoléon qui affirmait que « l’Europe s’arrête aux Pyrénées ».

Parce que « les souvenirs sont notre pâture », Mark Greene raconte. Sans prendre parti, il dit simplement ce qu’a été sa jeunesse en Espagne : « On pourrait dire qu’un tout uniformisé a remplacé un rien singulier. »

Libération, 14 septembre 2023

Réel Madrid : Mark Greene, de Franco à la France

Par Claire Devarrieux

 

Entre le foot et les chars, le romancier raconte sa jeunesse à la fin du franquisme en Espagne, avant son départ pour Paris.

 

Romancier français, Mark Greene a eu une enfance et une adolescence espagnoles. Il le raconte dans Réel Madrid, où il est bien sûr question de foot, puisqu’il habitait avec ses parents Avenida del Generalisimo, près du stade, mais où on sent surtout un pays vivre, bouger, sortir de la dictature. Le récit s’ouvre sur une vision, un matin très tôt : une colonne de chars est alignée dans l’immense avenue silencieuse. Ils semblent « descendus du ciel ». Rien de magique, c’est jour de fête nationale, le 18 octobre. On est au début des années 70, Franco ne meurt qu’en 1975. Il y a d’autres chars, dix ans plus tard, dans un autre chapitre. L’auteur ne les voit pas, ils n’entrent pas dans la ville. Il passe la nuit à guetter les informations sur son transistor et à la télévision quand les émissions reprennent : le 23 février 1981, « quelques généraux nostalgiques » tentent un coup d’Etat. Mark Greene, né en 1963, est en terminale. À la rentrée, il ne sera plus madrilène, mais parisien. Il va passer sa vie à aller et venir entre les deux capitales, dans un mouvement immuable qu’il compare avec les journées du liftier de la librairie la Casa del Libro. Laquelle a changé d’adresse sans déménager, dans une rue débaptisée comme des dizaines d’autres après la mort du Generalisimo. La rue Carlos Maurras, elle, a conservé son nom, dont l’auteur s’est avisé, longtemps après, qu’il s’agissait tout bêtement de Charles Maurras. Le père de l’Action française reste dans ses quartiers, lesquels jouxtaient naguère la part la plus cosmopolite de Madrid : on croise Clint Eastwood comme Jeanette, l’interprète de Porqué te vas, la chanson du film Cria Cuervos, et l’enfant peut y admirer le chic absolu, « le manteau bleu marine de Fernando Umbral », écrivain dandy. Cosmopolite, la famille de Mark Greene l’est aussi, d’« un cosmopo- litisme de hasard, issu de la Seconde Guerre mondiale, qui ne se haussait pas du col ». [...]

 

« Franco doit aux Etats-Unis de l’avoir extrait de l’isolement politique auquel il était condamné », écrit Mark Greene. Aussi les Américains « jouissent d’un statut particulier ». Quand l’auteur, encore collégien, et son père, un jour de grève, sont confrontés à la menace de la seguridad parce qu’ils ont filmé des militaires reconvertis en conducteurs de métro, seul le père sait qu’ils ne risquent rien. Il a bu un verre au Hilton avec Ava Gardner, il a passé un long moment avec son idole, le crooner Bing Crosby, ou ce qui reste de son idole : ce n’est pourtant pas ce qui fait du père un personnage mémorable. C’est sa manière, « respectueuse de son partenaire », de jouer au tennis. Mark Greene est à la fois l’observateur discret et attendri de son milieu familial, et l’hôte reconnaissant d’un pays devenu le sien parce qu’il avait adopté ses parents.

Biba, septembre 2023

Pendant la Modiva

Par Monique Ayoun

 

Mark Greene se souvient du Madrid de sa jeunesse dans les années 70, bien avant la mondialisation qui a tout uniformisé. Son père, ancien GI, y a rencontré sa mère. A cette époque journaliste reporter, correspondant pour des médias américains, il côtoyait Franco, Ava Gardner ou Hemingway... Les
années 80 s'ouvrent à la démocratie et à la Movida, mais l'auteur n'y participe
pas: « Le vent de la modernité ne m'a pas décoiffé ». De sa plume fine et avec autodérision, Mark Greene nous invite à une balade pleine de charme,
métaphysique et quotidien mêlés.

Le Figaro littéraire, 31 août 2023

Une Espagne lumineuse et opaque

Par Sébastien Lapaque

 

Né à Madrid, le romancier se penche sur le franquisme et son enfance.
 
Dans Federica Ber et L’idée de l’amour , ses précédents livres, Mark Greene s’est attaché à raconter une histoire. Ce qui n’était pas une nécessité. À l’heure du storytelling, il y en a partout, des histoires. Sur Netflix, sur Facebook, il en traîne dans tous les coins. Des vrais, des fausses ; des bonnes, rarement ; de très mauvaises, plus souvent. Il n’y a même que ça, des histoires. Avec Réel Madrid, (à paraître le 15 septembre), l’écrivain vise quelque chose de plus haut, dans une Europe occidentale au cœur dévoré par quatre longues décennies de « libéralisme fun, jeuniste et publicitaire »: se souvenir et apprendre à se souvenir.
Mark Greene est né à Madrid en 1963, à une époque où le Hongrois Ferenc Puskas et l'Argentin Alfredo di Stefano animaient le front de l'attaque du Réal. En Espagne, le « generalissimo » Fransisco Franco occupait le pouvoir depuis la rebellion antirepublicaine de 1936. Cet habile avait survecu à l'effondrement de l'Allemagne nazie et à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il lui restait plus de dix ans à vivre. C'est ainsi que Mark Greene, né d'un
père correspondant, photographe et reporter d'images americain et d'une mère française, a grandi en étrange pays.
[...]
 
Un pays plein de paradoxes
 
Dans Réel Madrid, l'écrivain souvient. De l'apparition des chars sur l'avenida de Generalisimo, l'actuel pasco de la Castellana : de son éducation sentimentale dans un quartier cosmopolite, aux abords du stade Santiago-Bernabéu, où se cotôyaient des acteurs, des musiciens, des écrivains, des artistes [...].
Sur ce pays brûlant. l'écrivain porte un regara froid. « J'ai un penchant pour les périodes de déclin idéologique », écit-il dans un récit mieux écrit que la movenne de ce qui s'écrit aujourd'hui. Mark Greene n'a pas honte d'aimer les
vieilles choses, au rang desquelles prend désormais place la littérature. Ni d'aborder les motifs de fâcherie. Qu'il s'agisse du fascisme ou de la corrida, il  affectionne les notations sèches, sans pathos, à l'école de Hemingway, qui refusait de donner des leçons de morale à ses lecteurs. « Papa » savait de quelle matière est faite la comédie qu'on appelle la vie. Le temps
passe et nous passons avec lui. Mieux vaut en rire qu'en pleurer.

Livres Hebdo, septembre 2023

Une jeunesse madrilène

Par Olivier Mony

 

Mark Greene se souvient de son enfance à Madrid, entre le crépuscule du franquisme et la transition démocratique. Magistral.

 

 

Au registre des grands nostalgiques, Mark Greene est, depuis vingt ans et une dizaine de livres, rien moins qu’un maître. Dans Réel Madrid, il fait le récit de
sa jeunesse madrilène durant les années 1965-1985 où il vécut la fin du franquisme, l’arrivée de la démocratie et la naissance de la fête dionysiaque que fut la Movida. Ce cosmopolite par essence (nationalité américaine, écrivain français...) nous offre ainsi comme le « Rosebud » de toute son

œuvre puisqu’il est bien compris avec Barthes « qu’il n’est pays que de l’enfance ». Est-ce son plus beau livre ? Peut-être, c’est surtout sans doute celui où il s’approche au plus près de sa vérité intime, de ce qui le fonde et le traverse à la fois.

Ce sont donc d’abord des figures et des souvenirs. Une colonne de chars dans

une avenue écrasée de chaleur et de silence, la beauté d’Ava Gardner, les

corridas sur tous les écrans de télé, une tentative de coup d’État dans la nuit, un célèbre footballeur et voisin discret, le corps de Bing Crosby reposant solitaire dans un funérarium municipal... Une chanson douce qui témoigne d’un pays et d’une ville détachés déjà de leur passé tout en souhaitant le retenir encore un peu. Et sur ces jours passés, les visages infiniment bienveillants des parents de l’auteur : une mère française, un peu inquiète, qui quitta son pays natal pour s’inventer une vie, à Londres et Tanger d’abord, à Madrid ensuite ; un père américain, photographe, reporter, un brin mélancolique, avec qui il est doux de jouer au tennis ou de laisser filer les jours. Avec ce livre magistral, Mark Greene vient de les rattraper.

Marie-France.fr, 22 août 2023

10 romans de la rentrée littéraire 2023

 

On a beaucoup aimé Comment construire une cathédrale, même auteur, même éditeur. Dans ce nouveau récit, il est question de l’Espagne des années 70, fin de la dictature de Franco. Il faudra attendre 1977 pour avoir des élections après quarante ans de régime dictatorial. Mark Greene nous raconte son enfance entre son père et sa mère à Madrid, calle de Carlos Maurràs. Dans son style fluide et hors mode, il séquence son livre en chapitres thématisés. La lecture en est d’autant plus agréable. Ainsi, il revient sur sa première corrida, sport national espagnol, qu’il regardait à la télé. Plongé dans la culture locale, il ne porte pas le même regard que nous sur la question, facilement choqués. La faena, les matadors.  « Il n’y a pas de bonne littérature avec de bons sentiments », dit-il. Ce qui est vrai pour la littérature l’est aussi de la tauromachie, et cela se défend. Dans le chapitre consacré à la movida, qui commence dans les années 80 à Madrid, des groupes pop-rock se font entendre, Andy Warhol fait des mondanités dans sa suite de palace. Les bars et les terrasses se multiplient. A ce moment-là, entre Paris et Madrid, l’auteur assiste à ce basculement en qualité de simple témoin. Toute une époque et une culture revivent dans ce livre qui se lit d’une traite.

Littérature du réel, enquêtes, essais, histoire.

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