PLEIN JOUR DANS LA PRESSE
Florent Georgesco était l'invité de Manou Farine dans "Poésie et ainsi de suite", avec Pierre Alféri et Hélène Gaudy, pour parler de la ligne des éditions Plein Jour.
À écouter ici.
Sibylle Grimbert et Paulina Dalmayer participaient, en direct de la Foire du livre de Saint-Louis, dont Plein Jour était l'éditeur invité, à un débat sur le journalisme littéraire. À voir ici (à partir de 41 min 30 s).
Au lendemain du Salon du livre, focus sur de jeunes maisons d'édition : Plein Jour, Louison et Premier Parallèle, avec Sibylle Grimbert. À voir ici.
Quand les écrivains parlent du travail
par Anne Fairise
L'entreprise et le travail jouent un rôle encore mineur dans la littérature française. Mais de plus en plus d'auteurs s'en emparent. Sous leurs plumes,
la vie au bureau ou à l'usine est rarement source d'épanouissement. Ni de réalisation de soi.
(...) De plus en plus, des plumes connues poussent les portes d'entreprises et vont sur le terrain, ramasser du réel, écouter et observer, à l'invitation de jeunes maisons d'édition. Sans revenir forcément avec un roman. « Inventez une manière inédite de parler de la société », voilà ce que leur demandent, depuis deux ans, les fondateurs des éditions Plein Jour, Sibylle Grimbert et Florent Georgesco. « Une romancière lassée de l'écriture romanesque et un chroniqueur littéraire, de l'écriture journalistique », comme ils se présentent en souriant. Deux passionnés de mots qui ambitionnent d'« aider la société à se regarder en face » en multipliant les formes d'écriture, entre chronique, reportage, essai, restitution de paroles... « La réalité a besoin qu'on la raconte différemment et la littérature, de prendre de la vitalité et de sortir de la désincarnation », note Florent Georgesco. Pour eux, le romancier Sylvain Pattieu a côtoyé six mois durant les ouvriers de PSA à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), de l'annonce de la fermeture à la confirmation du plan social (Avant de disparaître). Il a plongé dans le mouvement social agitant un petit salon de beauté (Beauté parade). Le syndicaliste CFDT et romancier Laurent Quintreau a dessiné un dictionnaire des affects au travail (Le Moi au pays du travail) à partir de son expénence de conseiller des salariés. « Dès qu'on donne un cadre d'enquête aux romanciers, ils foncent sur le terrain avec gourmandise», sourit Sibylle Grimbert. (...)
Nouvelles pages pour l'édition
par Alain Beuve-Méry
(...) Florent Georgesco, éditeur, et Sibylle Grimbert, écrivain, ont lancé à l'automne 2013 Plein Jour, une maison orientée sur la "narrative non-fiction" (littérature du réel). Leurs deux premiers titres, Les Petits Blancs, d'Aymeric Patricot, et Avant de disparaître, de Sylvain Pattieu, chronique sur PSA-Aulnay, ont déjà reçu un très bon accueil critique. (...)
Focus sur les éditions Plein Jour
(bulletin mensuel des librairies Dialogues)
Nouvelle dans le paysage éditorial français, la maison d’édition Plein Jour donne la parole à des écrivains qui nous offrent des plongées dans le réel, qui sont un miroir de notre temps. Focus sur une jeune maison d’édition qui fait du documentaire une œuvre à part entière.
Vous avez créé la maison d’édition Plein Jour il y a quelques mois. Pourriez-vous nous dire quelques mots de la naissance et des débuts de cette belle maison d’édition ?
S. G. & F. G. : Vous parlez à des éditeurs heureux. Avec les premiers livres, ceux de Sylvain Pattieu et Aymeric Patricot, notre projet a été accompli au-delà de nos espérances. Nous leur avions imposé une seule contrainte : aller sur le terrain, partir de discussions avec les personnes qu’ils rencontreraient, et raconter la réalité qu’ils auraient observée, en restituant ce qui leur serait dit. Ils en ont tiré deux livres totalement différents, dans leur écriture même, avec comme seul point commun d’être extrêmement forts. C’était plus qu’encourageant pour nous, cela prouvait que notre intuition – si les écrivains parlent, s’emparent de questions de société, le résultat sera varié et toujours inattendu – était bonne, mais naturellement ces deux auteurs étaient avant tout d’excellents écrivains. Le risque était calculé.
Sibylle Grimbert et Florent Georgesco, vous êtes respectivement écrivain et journaliste. Comment vivez-vous alors ces premiers pas en tant qu’éditeurs ?
S. G. : Les livres ayant été très bien accueillis, nous pouvons dire que c’est assez agréable ! Pour un écrivain, il s’agit d’une toute autre approche du travail de l’écriture, peut-être même d’un tout autre regard. Il ne peut être question d’être soi, de faire triompher sa subjectivité, ce qui est le droit de l’auteur seul.
F. G. : J’ai été éditeur avant d’être journaliste. Je fais ce métier depuis une dizaine d’années, disons que je l’apprends depuis une dizaine d’années. Il y a un moment où il faut cesser d’apprendre. Nous avions assez d’idées, Sibylle et moi, pour qu’il devienne urgent de franchir le pas, de faire enfin ce qu’on avait envie de faire. Ce ne sont donc pas tout à fait des premiers pas, mais je découvre une liberté nouvelle, ce qui est toujours très excitant.
Avec Plein Jour, vous nous proposez des documentaires littéraires, c’est-à-dire éclairés par le regard singulier d’un écrivain. Comment cette forme s’est-elle imposée, et s’agit-il d’une nouvelle forme dans le paysage littéraire français ?
S. G. & F. G. : L’idée nous est venue en bavardant, en parlant des livres que nous aimions, mais aussi en nous racontant ce que nous avions vu et entendu durant la journée. Ce dernier point, qui semble anodin, nous a donné envie d’écouter les gens. Ce qu’ils disent est souvent beaucoup plus riche et complexe que ce que nous voyons dans les médias. Il nous semblait aussi que si ce type d’ouvrages d’enquête, cet intérêt porté aux faits de société, avait été une tradition française, par exemple avec Gide, elle avait eu tendance à s’éclipser, à se réfugier aux États-Unis, avec le « nouveau journalisme » – Capote, Mailer, Wolfe… Nous avons voulu la rapatrier. Nous étions également, tous les deux, très admiratifs des livres d’une merveilleuse journaliste britannique, Gitta Sereny, qui pourrait être notre figure tutélaire. Gitta Sereny faisait des enquêtes, souvent autour d’anciens nazis (l’extraordinaire Au fond des ténèbres, sur Franz Stangl, le commandant de Treblinka) mais pas seulement, fondées elles aussi sur la parole des gens. Nous avons toujours pensé que son art de restituer la parole, et à travers elle de faire surgir la vérité, était un des plus précieux qui soient.
Comment sont dictées les thématiques abordées dans les livres que vous publiez, et dans quelle mesure doivent-elles être en résonance avec l’actualité brûlante ?
S. G. & F. G. : Les thèmes peuvent venir des auteurs ou de nous. Ils doivent intéresser les uns et les autres au même degré : quand on lance un projet, tout le monde est mobilisé, il faut beaucoup de motivation. Il n’est pas nécessaire que les sujets soient brûlants, mais sans doute, puisque le domaine est l’actualité, sont-ils toujours marqués par une certaine urgence, une question, un sentiment diffus que là, en ce moment, il se passe quelque chose qu’on ne comprend pas, qu’on voudrait comprendre ou qu’on comprend trop bien. En fait nous croyons que tous les sujets abordés sont appelés à une longue vie. Ils sont universels, la nature humaine est toujours la même ; seuls les conditions, le décor du surgissement des thèmes diffère.
Dans l’époque d’immédiateté de l’information dans laquelle nous vivons, qu’apporte finalement le regard de l’écrivain sur l’actualité ?
S. G. & F. G. : La vie médiatique est rapide, parfois allusive, très attachée à l’événement, et en cela peut-être un peu lapidaire dans son approche des questions qu’elle pose, des histoires qu’elle raconte, des catégories sociales qu’elle interroge. Il est dans la nature d’un livre, quel qu’il soit (enfin, s’il est bon !), de s’intéresser aux nuances, de ne pas s’effrayer de la complexité. Que ce type de livres soit écrit par des écrivains – et non des universitaires par exemple – permet en outre d’offrir un regard intellectuel appuyé sur du sensible. Les écrivains ne sont pas hors du champ de la réflexion. Ils bénéficient au contraire, en tant que romanciers, d’une plus grande liberté d’approfondir cette réflexion que beaucoup de gens, une liberté qu’exprime leur style, leur écriture qui est en soi, d’ailleurs, une façon de construire une pensée.
Téléphone rouge
Demander de longs reportages à des écrivains : c'est le pari des éditions Plein Jour, dont les premiers titres sortiront le 17 octobre. Sylvain Pattieu racontera le calvaire de l'usine PSA d'Aulnay-sous-Bois dans Avant de disparaître et Aymeric Patricot signera Les Petits Blancs. Un voyage dans la France d'en bas avec cette question : « Un communautarisme blanc est-il en train de se forger ? »
Une nouvelle réjouissante
Une maison d'édition qui se crée est toujours une nouvelle réjouissante, comme une pierre précieuse lancée dans le jardin des déclinistes. Bienvenue donc aux éditions Plein Jour. Lancées par Sibylle Grimbert (qui publie chez Anne Carrière Le Fils de Sam Green) et Florent Georgesco, elles feront paraître dès octobre des livres inspirés par les grands reportages américains : immersion dans le quotidien de la Brigade des mineurs, des ouvriers de PSA ou dans la communauté des withe trash à la française. On vous en reparle.
La voix des gens
par Catherine Andreucci
Sibylle Grimbert et Florent Georgesco veulent donner la parole aux gens, ceux que l’on entend peu, par le biais des écrivains. Ils créent donc les éditions Plein Jour, dédiées aux documentaires littéraires.
« Les écrivains ont une force de dévoilement de la réalité plus grande que celle que peuvent avoir les journalistes », estime Florent Georgesco, lui-même journaliste, notamment au Monde des livres, et qui a été éditeur pendant dix ans chez Léo Scheer, où il était aussi rédacteur en chef de La Revue littéraire.
À côté des reportages littéraires, il y aura aussi des documents journalistiques plus classiques. Mais, pour l’instant, pas de romans. « Il est très difficile de commencer avec de bons romans et nous ne voulions pas ajouter à la surproduction romanesque. Surtout, nous avions envie de proposer quelque chose de nouveau », explique Sibylle Grimbert, écrivaine. Son huitième roman paraîtra à la rentrée chez Anne Carrière, maison avec laquelle le couple a signé un contrat commercial qui permet à Plein Jour d’être diffusé et distribué par Interforum et de bénéficier de la fabrication. « Notre indépendance éditoriale et financière est totale », soulignent-ils.
Les premiers titres paraîtront le 17 octobre : Avant de disparaître, chronique de PSA-Aulnay de Sylvain Pattieu, et Les Petits Blancs, un voyage dans la France d’en bas d’Aymeric Patricot. Viendront ensuite une enquête de Claire Berest avec les policiers de la brigade des mineurs, et une autre d’Yves Mamou sur le Hezbollah. Dix titres sont prévus en 2014.