Jean-Christophe Averty
La réalité me casse les pieds
Entretiens avec Noël Herpe
En partenariat avec France Culture
112 pages, 14 euros
11 mai 2017
REVUE DE PRESSE
Averty en vaut deux
par François Kasbi
Dans la panoplie de Jean-Christophe Averty (...), personnage hors du commun que l'on croisait encore il y a une quinzaine d'années chez Chartier, il y a Aznavour et Brassens, Trenet et Gainsbourg, Parade de Satie-Cocteau-Picasso et Citizen Kane d'Orson Welles, le surréalisme des précurseurs et Rimbaud, Lautréamont, Roussel - et Swift. Il y a, aussi, l'âge d'or selon lui : les années trente. Passéiste, Averty (1928-2017) ? "Je suis un réactionnaire type. Typique, même ! Je n'aime que les choses anciennes - avec un peu de désordre, si possible. Vous savez, à partir de 1939 et de la guerre, ma vie était devenue sinistre.
Cela ne l'empêche pas de passer son bac à Louis-le-Grand, d'entrer à l'IDHEC en 1948, à l'ORTF en 1952, d'y faire ses premières armes comme réalisateur - la fameuse série Martin et Martine -, de se lier avec Fellini, qui l'autorise à assister au tournage de Huit et demi (...), de vénérer Méliès (qui lui apprend à s'écarter du réalisme), de devenir un des plus grands amateurs et passeurs de jazz, de ne plus voter à partir de la mort du général de Gaulle, etc. Tout cela, outre une certaine faconde, on le retrouve dans un livre d'entretiens avec Noël Herpe, originellement enregistrés pour France Culture. Une très bonne idée d'éditeur pour un bel hommage à un artiste unique, et qui nous laisse orphelins.
Le Masque et la Plume
par Jérôme Garcin
Le coup de cœur de Michel Ciment, à retrouver ici (50 min. 45 s.).
Nova Book Box
par Richard Gaitet
"Puisqu'un homme averti en vaut deux, j'aimerais provoquer une vague de dédoublements dans tout le pays en vous avertissant de l'existence en version papier de l'un des derniers grands entretiens accordés par Jean-Christophe Averty."
À écouter ici.
Averty l'artificier
par Antoine de Baecque
On peut aimer l’œuvre de Jean-Christophe Averty (1928-2017) de bien des façons. Le pouvoir de fascination de ce Méliès de la télévision reste intact, deux mois après sa disparition. On le retrouve dans le joli volume d’entretiens de Noël Herpe, adapté d’une série réalisée pour « A voix nue », sur France Culture, en 2015. Averty est un pionnier et toute son œuvre s’est fabriquée sous le signe d’une cohérence entêtée dans l’artifice, au point qu’une confession peut résumer son esprit culotté, tout en donnant son titre au recueil : « La réalité me casse les pieds. Elle est froide, les murs sont durs. Les voitures s’écrasent. La solitude étouffe et tue lentement. Tout ce que j’ai aimé, tout ce que j’aime encore et aimerai jusqu’à ce que je sois enterré, ce sont les choses qui n’existent pas dans la vie et qu’il faut inventer. »
Les Matins. Les trois minutes des partenaires
par Sébastien Le Fol
"Un livre qu'il faut absolument se procurer."
Une chronique à écouter ici.
Le Nouveau Rendez-vous
par Laurent Goumarre
Retrouvez Noël Herpe, avec Sylvie Pierre et Mireille Dumas, ici (à partir de 55 min. 12 s.)
La réalité me casse les pieds
par Frédéric Pagès
Il fut pendant quarante-cinq ans un symbole d'avant-gardisme télévisuel. Mort à 88 ans, le 4 mars, Averty était "un réactionnaire type", selon ses propres termes. Comme il le raconte drôlement dans ces entretiens, l'histoire s'est arrêtée pour lui dans les années trente, et peut-être même dès la mort d'Alfred Jarry (...). Dans la défunte ORTF, il se sentait à l'aise. Mais pas "à partir de 1978-1980, (où) la télé est devenue une entreprise dévouée à la vente du saucisson et du cirage."
Excédé par la "prétention télévisuelle de refléter la réalité", il pourfendait le direct ("quelque chose d'effroyable, de monstrueux"). Pour cet intégriste du swing, le jazz s'était arrêté aux environs de l'an 40. Tous ces excès assumés avec délectation font de ces entretiens un moment de grande fureur comique. Pour notre plaisir, ça cafouille, ça chatouille et ça bafouille.