Sylvain Pattieu

Beauté parade

216 pages, 18 euros

2 janvier 2015

 

 

 

 

 

REVUE DE PRESSE

L'Obs, 19 mars 2015

Beauté parade

par Claire Julliard

 

Au 57, boulevard de Strasbourg, la boutique de coiffure est en grève. (...) Fasciné par ce mouvement social inédit, Sylvain Pattieu l'a suivi jour après jour pendant des mois. Dans ce reportage vif et palpitant, récit choral dédié à « la débrouille des pauvres », il nous raconte le parcours de ces femmes, pour la plupart clandestines. Toutes ont quitté leur pays pour une vie qu'elles pensaient meilleure. Le petit univers effervescent qu'il décrit draine les espoirs déçus et la déliquescence d'un monde en crise.

Le Canard enchaîné, 11 mars 2015

Pour quelques mèches de plus

par Dominique Simonnot

 

Il a poussé la porte d'une minuscule boutique, qui l'intriguait depuis un bon moment, avec ses calicots CGT, son enseigne pompeuse, "VIP", et son décor misérable. Comme tous ceux qui approchent les luttes des travailleurs sans-papiers, Sylvain Pattieu a vite été accroché.

(...) Il a tenu, pendant des semaines, la chronique d'une bagarre acharnée dans ce quartier de Château-d'Eau, dans le Xe arrondissement de Paris, haut lieu des coiffeurs africains et des poseuses d'ongles chinoises. Quartier joyeux, bruyant et mélangé, où, dès la sortie du métro, les rabatteurs africains caquettent : "Gazelle, cousine, des mèches !"

(...) Un matin, le patron du salon VIP a disparu, laissant à chacune de ses employées une ardoise de 800 à 1000 euros, soit le salaire de deux mois. Elles ont croisé les bras et occupé le VIP. Les Chinoises des ongles et les Africaines des cheveux ont appris à se connaître, elles qui s'ignoraient, les premières en devanture, les secondes à l'étage.

Appelés par les Chinoises, ceux de la CGT s'installent et dorment là, à tour de rôle, pour parer aux dangers, aux menaces... Parce que, dans le quartier, l'occupation ne fait pas un tabac, et c'est peu dire. Ces foutues grévistes vont attirer des ennuis, tout le monde ou presque, ici, est clandestin et travaille au black.

Pattieu se fait scribe, à raconter des parcours, des drôles de vies, des espoirs, et ce combat. Ce n'est pas triste, plutôt rageant.

France Culture, 23 février 2015

L'Atelier intérieur n°26

par Aurélie Charon

 

À écouter ici.

Aligre FM, 12 février 2015

Les Jeudis littéraires

par Philippe Vannini

 

À écouter ici.

RFI, 9 février 2015

7 milliards de voisins / Histoires de métiers à la marge

par Emmanuelle Bastide

 

Avec Sylvain Pattieu, Gauz et Catherine Wihtol de Wenden.

À écouter ici.

L'Express, 4 février 2015

Trois raisons de lire Beauté parade

par Delphine Peras

 

1. POUR LES FILLES Elles s'appellent Lin Mei, Fengzhen, Yanping, Madissou, Adja. Elles sont chinoises et africaines de l'Ouest et travaillent au VIP, un petit salon de beauté dans le Xe arrondissement de Paris. Les unes s'occupent des ongles, les autres des cheveux. La plupart sont sans-papiers, gagnent en moyenne 400 euros par mois. Le jour où le patron prend la poudre d'escampette avec la caisse sans les avoir payées elles montrent un courage inouï pour revendiquer leurs droits, occuper les lieux tout en faisant tourner la baraque.

2. POUR LE FOND Cette mobilisation inédite, de février à avril 2014, est l'occasion de mettre en lumière ces femmes de l'ombre, de suivre leur parcours chaotique et de saisir leur précarité (...). Les témoignages des syndiqués de la CGT et des clientes qui les soutiennent dessinent plus précisément la réalité de cette mondialisation où triomphent l'« economie informelle » et la «petite débrouille».

3. POUR LA FORME Historien et romancier enseignant à Paris VIII, Sylvain Pattieu

se fait journaliste-reporter en restant écrivain ; il interroge, restitue les réponses sans les polir maîs soigne la perspective; son écriture enlevée anime à merveille
les acteurs de ce quartier à la fois populaire et « gentrifié » qui est aussi le sien. Résultat : une chronique édifiante et très prenante, comédie sociale où le plus grave côtoie le plus léger. Un livre essentiel.

Nice Matin, Var Matin, 3 février 2015

Sélectionné pour vous : Beauté parade

par A. G.

 

Dans ce roman-documentaire, Sylvain Pattieu nous entraîne très loin... et en même temps tout près. On suit avec lui trois mois d'une grève menée dans un petit salon de coiffure-manucure du Xe arrondissement parisien (...). On découvre là un univers, avec ses codes, bouleversé par cette petite révolution : une occupation, des revendications soutenues par la CGT, des têtes qui se relèvent et exigent simplement de pouvoir vivre en plein jour, maîs aussi du respect, des droits. On apprend énormément - sur l'immigration chinoise, le commerce des cheveux, l'histoire des luttes des sans-papiers - maîs sans jamais tomber dans le documentaire brut. Ici, la poésie s'invite dans la chronique, c'est une ambiance qui s'installe, l'esprit d'un quartier qui nous imprègne, des vies qui s'ouvrent à nous. Beauté parade est léger et futile comme une conversation de salon de coiffure, enrichissant comme la rencontre de l'Autre, réconfortant comme l'est une lutte qui paie.

Mediapart, 30 janvier 2015

Beauté parade, l'émancipation de sept sans-papiers par la grève

par Rachida El Azzouzi

 

(...) Parade aux obsessions identitaires et périls du moment hystérisés par la classe politico-médiatique, (Beauté parade) raconte une autre histoire de l’immigration. Une histoire vraie qui se déroule en plein Paris, boulevard de Strasbourg, métro Château d’eau, dans une vaste hypocrisie institutionnalisée.

C’est l’anti-Houellebecq. Point de « grand remplacement », de musulman à la tête de l’État, de tchador qui viendrait remplacer la jupe mais sept travailleurs clandestins sur un fil précaire qui vont s’émanciper d’une mafia grâce à un mouvement social inédit (...).

Ils sont seuls dans une zone de non-droit du travail de notoriété publique, peu encline aux débrayages : les salons de beauté afro du Xe arrondissement, la mono-activité du boulevard de Strasbourg qui carbure au travail au noir (environ 120 salons). Dans ce petit bout de Paris, paradis du faux cheveu et du faux ongle, gentrifié mais encore populaire où se croisent très pauvres et moyens riches, que la chaîne américaine Fox News classerait « no-go-zone » , où les rabatteurs africains sont postés à la sortie du métro, le code du travail n’existe pas. La plupart des employés, essentiellement des femmes, coiffent et vernissent dans la clandestinité la plus totale. Et quand le patron n’oublie pas de payer, c’est à la tâche, en fonction du nombre de clients, de la main à la main, sans droit de suite, ni de plainte.

« Horaires flexibles au maximum, salaires au compte-gouttes, de temps en temps, pas d’hygiène, pas de sécurité, un rapport patron-salarié, sans règle formelle, sans syndicat... » Sylvain Pattieu décrit l'extension du domaine de l’exploitation, le triomphe de l’économie informelle, de la petite débrouille, cette « logique de pays du Sud dans un pays du Nord » où le salarié n’a aucun filet de sécurité, cette « anomalie » qu’est Château d’eau avec ses patrons d’Afrique de l’Ouest et ses salariées chinoises. Il chronique la lutte jamais vue dans le quartier des « filles du 50 », au fil des semaines, des mois. Comme il a chroniqué celle des salariés de l’usine automobile PSA-Aulnay en privilégiant la parole de ces vies précaires, « chairs à profits mondialisés » , qui peuplent nos villes dans l'indifférence collective. (...)

« Croiser les bras, c’était déjà un acte très fort d’opposition surtout pour les Chinoises » , raconte Sylvain Pattieu. Il livre un récit remarquable sur Château d’eau et ses salons de coiffure, ce condensé de mondialisation en plein cœur de la capitale. (...)

France Bleu Azur, 19 janvier 2015

Une minute, un livre

par Daria Bonnin

 

À écouter ici.

Le Monde, 9 janvier 2015

Salon de précarité

par Catherine Simon

 

La scène se passe à Paris, boulevard de Strasbourg, « quartier tressé et natté comme une chevelure », dans un salon de coiffure-manucure dont le patron est parti en emportant la caisse. Banal ? Pas tant que ça : les employées, des étrangères, la plupart sans papiers, vont se mettre en grève. Dormant et mangeant sur leur lieu de travail. Une première dans ce secteur d'activité. Lin Mei, 47 ans, venue en France pour « payer l'école de sa fille », mène la danse. Mais comme elles chaloupent en chœur, les filles de Beauté parade ! Venues d'Afrique ou de Chine, Madissou, Fadima, Fengzhen et les autres qui, au départ, se connaissaient à peine, vont se battre, ensemble, pour être régularisées. (...)

Sylvain Pattieu, historien et romancier, invente ici, avec brio et délicatesse, une forme d'écriture nouvelle, aussi efficace que rafraîchissante. Chapitres brefs, dialogues pris sur le vif : ce superbe roman picore, avec bonheur, dans plusieurs registres - le théâtre, le roman-photo, le reportage... Chronique pétillante et grave, Beauté parade, fruit de plusieurs mois de « terrain », donne voix et visages aux précaires de notre société mondialisée. Au service non pas d'une cause, mais du réel. Un grand (petit) livre.

L'Anticapitaliste, 8 janvier 2015

Beauté parade, Sylvain Pattieu

par Sandra Demarcq

 

(...) Petit à petit, l’auteur nous conte la grève, la solidarité, l’accompagnement syndical, mais aussi et surtout ces femmes extraordinaires qui se racontent au fil des pages et se découvrent tout au long de cette lutte. On y découvre aussi un quartier, celui du 10e arrondissement de Paris, que l’auteur connaît bien puisqu’il y habite depuis onze ans.

Cette grève du 50 boulevard de Strasbourg aura duré trois mois et au bout du bout, nos six héroïnes ont obtenu gain de cause, c’est-à-dire les fameux papiers leur permettant de passer de travailleuses sans-papiers à travailleuses tout court... Quelques mois après cette grève, dans le même quartier, d’autres travailleuses sans- papiers se sont également battues pour la reconnaissance de leur travail et de leur existence.

Beauté Parade est un récit chaleureux, bien écrit où, une nouvelle fois, Sylvain Pattieu nous entraîne dans le monde de la dignité, de la grève, des femmes courageuses et combatives. Encore une fois, l’auteur distille un mélange subtil, entre chronique sociale et littérature. Et encore une fois, il prouve qu’il a un sacré talent. À lire sans aucune modération.

La Provence, 5 janvier 2015

Pattieu et sa Vénus beauté façon révolte sociale

par Jean-Rémi Barland

 

Les mouvements sociaux, la question de l'immigration et celle de la clandestinité, les réponses apportées par la littérature aux changements du monde, voilà des thèmes dont l'Aixois Sylvain Pattieu nourrit chacun de ses livres. (...) Jamais pesant ni didactique, Pattieu est doté d'une plume aussi aérienne que les sujets qu'il aborde sont graves et lourds. (...)

Avec Beauté parade (...), on plonge dans l'univers en miettes d'un salon de beauté parisien où le patron est parti avec la caisse. (...) Dans ce quartier assez chic où l'on a tourné le film Les Chansons d'amour, les employées sur le carreau ont décidé de s'organiser pour faire vivre coûte que coûte leur petite entreprise. (...) Sept femmes libres et rebelles donc, qui occupent le salon en permanence, s'occupent de leurs droits, et se battent pur la reconnaissance de leur travail.

En mêlant récit brut des faits, témoignages des unes et des autres (avec l'aide de 

Ya-Han Chuang qui a servi d'interprète entre les ouvrières et lui), Sylvain Pattieu multiplie les possibilités d'entrée dans son livre, où le récit de la vérité nous fait passer de la comédie de mœurs au pamphlet humaniste, questionnant chacun sur son positionnement face aux sans-papiers et autres exclus de la croissance avec au passage l'éloge en creux de la puissance de l'écrit libérateur.

Au fil des pages se dessine un autre document précis, et très original, sur la place du cheveu (la boutique des sept grévistes en est le temple) dans la littérature, en tant qu'élément symbolisant une révolte ou une humiliation. Citant Les Quatre Filles du docteur March (une femme y vend sa chevelure noire, son seul trésor), Les Misérables ("Mon enfant n'a plus froid, je l'ai habillée de mes cheveux"), Pour qui sonne le glas ou encore Chronique de l'oiseau à ressort de Murakami (où on verra l'importance d'une usine à perruques), Sylvain Pattieu universalise son propos et offre un livre solaire à la hauteur des rêves de chacune de ses héroïnes. Avec l'idée au coeur que la parole livrée sans interdits est toujours libératrice.

Littérature du réel, enquêtes, essais, histoire.

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